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Plan Wigny

« Croit-on qu’une démocratie puisse former des citoyens actifs collaborant à la vie publique si on les habitue à la docilité en classe, quand ils sont enfants, ou à la passivité au travail comme au repos, lorsqu’ils sont devenus adultes ? » (Livre I, page 8).  Le « Plan quinquennal de politique culturelle » a été publié au début de l’année 1968 sous la direction de Pierre Wigny, alors Ministre de la culture française au sein du Gouvernement Paul Vanden Boeynants I (juin 1966 / avril 1968). Ce texte a joué longtemps un rôle déterminant pour structurer l’organisation des politiques et du paysage des institutions culturelles, dans la partie francophone de notre pays.

En 2008, à l’occasion du quarantième anniversaire de son édition, l’Observatoire des Politiques culturelles et le service « Préservation et Exploitation des Patrimoines », sous la responsabilité de Evelyne Lentzen, ont entrepris la numérisation des six livres publiés qui forment ce que l’on appelle couramment : le « Plan Wigny ».

À la veille du mois de mai’68, l’introduction du plan Wigny annonce que l’enjeu de la révolution culturelle est la démocratie elle-même : « Le trait caractéristique de notre époque est de vouloir non seulement le développement de l’humanité dans son ensemble, mais aussi l’épanouissement de chaque homme en particulier. » (Livre I, page4). Le propos affiche une démarche résolument volontaire car si la culture est nécessaire, elle n’est pas désirée : « Grâce à l’évolution technique, la révolution culturelle est possible, mais elle n’est pas inévitable ; elle doit toujours être consciemment voulue. » Le plan répond à des principes généraux : respecter la liberté individuelle, maximaliser l’efficacité des investissements publics, rendre abordable le prix d’accès et de participation à la culture, s’adresser à l’ensemble de la population, le principe de polyvalence doit dominer, favoriser la participation active des populations (Livre I, pages 7 et 8). La nécessité d’un plan quinquennal s’impose parce qu’il facilite l’élaboration des politiques publiques, parce qu’il permet au Parlement de mieux accomplir ses missions de contrôle de l’action publique, parce que sa publication peut avoir une influence heureuse sur l’opinion publique (Livre I, page 9).

 À quarante ans de distance, la (re)découverte du Plan Wigny appelle probablement une mise en perspective critique, une déconstruction des mythes fondateurs de nos politiques publiques de la culture et une évaluation de ces politiques sur un horizon long. Ces préoccupations essentielles posent des questions méthodologiques qui seront ultérieurement explorées par les équipes de recherche de l’Observatoire.